Guy Tirolien
Poeta nacido 13 de febrero 1917 en Pointe-à-Pitre, y murió 08 de marzo 1988 Marie-Galante.
Guy Tirolien nació en Guadalupe, donde su padre era Furcie Tirolien director, pero fue toda su vida dedicada con pasión a Marie-Galante, donde sus abuelos eran agricultores, y cuando regresó, a la edad de ocho años, cuando su padre se convirtió en consejero general y diputado de Grand-Bourg. Leontine Almeda Colonneau, madre de Guy Tirolien y mujer Furcie Tirolien, también nació en Grand-Bourg.
Guy Tirolien se dedica a la batalla de la negritud, junto a Léopold Sédar Senghor, Aimé Césaire, Léon Damas cuando fundaron este movimiento literario. Le ayudará a fundar la revista Presencia Africana, publicado simultáneamente en París y Dakar en 1947.
Fue un administrador colonial en Camerún y Malí y ha contribuido de manera efectiva al acercamiento entre los africanos y antillanos. Allí conoció a los afroamericanos MacKay, Langston Hughes y Richard Wright, miembros del renacimiento de Harlem. Fue hecho prisionero durante la Segunda Guerra Mundial, junto a Léopold Sédar Senghor. Él entonces llevó una carrera internacional funcionario que lo vio convertirse en el representante de la ONU en Malí y Gabón en particular.
Obra literaria
Es el autor de una obra "La oración de un niño negro" de fama mundial incluido en su libro "Huevos de oro" publicado por Presencia Africana. El poema cuenta la historia de un niño negro que no quiere ir a la escuela blanco. Firmó como "hojas de vida en la mañana" siempre con la misma editorial.
Obras
Balles d'or, éd. Présence Africaine, 1961, rééd. 1995
Feuilles vivantes au matin, Présence Africaine, 1977
De Marie-Galante à une poétique afro-antillaise, éd. L'Harmattan, col. Monde Caraïbe
ESOS CABALLEROS
Esos caballeros de la ciudad
esos caballeros como es debido
que ya no saben bailar al claro de luna
que ya no saben andar sobre la carne de sus pies
que ya no saben contar cuentos en las veladas...
Ces Messieurs de la villa
ces Messieurs comme il faut
qui ne savent plus danser le soir au clair de lune
qui ne savent plus marcher sur le chair de leur pieds
qui ne savent plus conter les contes aux veillèes...
CREDO
Yo también tengo mi credo de bolsillo
pero no lo vayan a repetir a los vientos charlatanes
ni a la muchedumbre que pasa
se reirían de vosotros en la cara
creo
que el sol es un huevo de luz
puesto por la noche
que la oración recae en lluvia de frutas
en la cesta de las manos ofrecidas
que las estrellas son ánimas que arden
que la tierra es una naranja para la sed de Dios
que la flor trepa a las ventanas
para consolar al niño que llora
que la piedra es un árbol
que no quiso crecer
que la bondad es aquel país al cual uno solo llega
después de dejar todo su equipaje
en la aduana del dolor
que uno más uno son uno
hasta en las luchas del placer
que el perfume del sacrificio
alimenta las flores del arte
y que de tanto amor
mañana amanecerá otra vez
Satchmo
non
ne fermez pas l'oreille
aux hoquets aux sanglots
aux subtils glissandos
à la stridence à l'insistance
à la cadence
des blues
– swingués oh !
par la trompette de Satchmo
plainte étouffée dans le gosier
du noir lynché
glouglou du sang
glissant
sur les courants puissants
du fleuve
Mississipi
lent balancement
des corps
frénésie des sermons et longs cris d'hystérie
dans le roulis
des églises noires
du Missouri
éclairs verts jaillissants
des bûchers crépitants
de Virginie
du Kentucky
de Géorgie
désirs rouges réchauffant
les nuits d'Alabama
d'Oklahoma
des Bahamas
non
ne fermez pas l'oreille
aux hoquets aux sanglots
aux subtils glissandos
à la stridence à l'insistance à la cadence
des blues
– swingués oh !
par la trompette de Satchmo
ne fermez pas l'oreille
aux rires aux soupirs
aux délires
aux éclats aux oua-oua
à la joie
qui se bousculent –
ha ha !
qui s'accumulent –
j'te crois !
– dans la trompette de Satchmo
sourires des bébés noirs
éclairant la nuit
noire
d'Alabama
d'Oklahoma
des Bahamas
joie truquée des filles noires
des filles jaunes
dans les cabarets noirs
de Harlem
cherchant au fond d'un whisky brun
d'un whisky or
le visage oublié
d'un garçon brun
d'un garçon jaune
de Bâton Rouge
ou de Natchez
rires du peuple noir
roulant dans les rues
noires
de Frisco
de Chicago
de Santiago
non
ne fermez pas l'oreille
aux rires aux soupirs
aux délires
aux éclats aux oua-oua
à la joie
qui se bousculent –
ha ha !
qui s'accumulent –
j'te crois !
– dans la trompette de Satchmo
Amérique
je suis le fer fiché dans les chairs de ta plaie
l'arête coincée dans le goulot
de ton gosier
l'éclat d'anthracite dans la roche de tes os
et nul baptême
nulle ablution ne te lavera de moi
Amérique
les neiges fleurissant tes plaines de coton
c'est ma sueur féconde
c'est mon sang
ta richesse
les sèves de douceur
dans tes roseaux aux longs cheveux d'argent
ce sont mes larmes non taries
dans la bruyance de tes machines
de tes mines
de tes usines
dans la violence des voix de cuivre
des voix de nez
des voix enrouées de ta musique
entends l'accent de ma colère
de ma douleur
et de mes hontes
Amérique
les nuées de charbon sur tes banlieues en deuil
non ce n'est pas la suie de ma peau
souillant la lumière des hommes
c'est la cendre de mes os calcinés
dans l'incendie des lynchages
l'acier de tes buildings coule
dans mes muscles de bronze
car je porte sur mes épaules
tout le poids du Nouveau-Monde
je suis l'ombre de ton corps
la nourrice aux mamelles de nuit
dont le lait enrichit la vigueur de ton sang
la pâleur de ton teint
– tu ne peux te défaire de moi
j'ai la fureur des amants éconduits
j'implanterai mes dents
dans ta chair lumineuse
ô terre de viol
terre d'injustice
et d'avenir
je briserai ton échine –
si fragile entre Colon et Panama
je nouerai autour de ta taille arquée
une étroite ceinture d'incandescence
de convoitises
ma voix
– celle de Césaire et de Mac Kay
de Robeson et de Guillen
sera plus forte que ton orgueil
plus haute que tes gratte-ciel
car elle jaillit des sombres entrailles de la souffrance
Amérique
Ghetto
Pourquoi m’enfermerai-je
dans cette image de moi
qu’ils voudraient pétrifier ?
pitié je dis pitié !
j’étouffe dans le ghetto de l’exotisme
non je ne suis pas cette idole
d’ébène
humant l’encens profane
qu’on brûle
dans les musées de l’exotisme
je ne suis pas ce cannibale
de foire
roulant des prunelles d’ivoire
pour le frisson des gosses
si je pousse le cri
qui me brûle la gorge
c’est que mon ventre bout
de la faim de mes frères
et si parfois je hurle ma souffrance
c’est que j’ai l’orteil pris
sous la botte des autres
le rossignol chante sur plusieurs notes
finies mes complaintes monocordes !
je ne suis pas l’acteur
tout barbouillé de suie
qui sanglote sa peine
bras levés vers le ciel
sous l’œil des caméras
je ne suis pas non plus
statue figée du révolté
ou de la damnation
je suis bête vivante
bête de proie
toujours prête à bondir
à bondir sur la vie
qui se moque des morts
à bondir sur la joie
qui n’a pas de passeport
à bondir sur l’amour
qui passe devant ma porte
je dirai Beethoven
sourd
au milieu des tumultes
car c’est pour moi
pour moi qui peux mieux le comprendre
qu’il déchaîne ses orages
je chanterai Rimbaud
qui voulut se faire nègre pour mieux parler aux hommes
le langage des genèses
et je louerai Matisse
et Braque et Picasso
d’avoir su retrouver sous la rigidité
des formes élémentales
le vieux secret des rythmes
qui font chanter la vie
oui j’exalterai l’homme
tous les hommes
j’airai à eux
le cœur plein de chansons
les mains lourdes
d’amitié
car ils sont faits à mon image
Black Beauty
Tes seins de satin noir
frémissant du galop de ton sang
bondissant
tes bras souples et longs dont le lissé ondule
ce blanc sourire
des yeux
dans la nuit du visage
éveillent en moi
ce soir
les rythmes sourds
les mains frappées
les lentes mélopées
dont s'enivrent là-bas au pays de Guinée
nos sœurs
noires et nues
et font lever en moi
ce soir
des crépuscules nègres lourds d'un sensuel émoi
car l'âme du noir pays où dorment les anciens
vit et parle ce soir
en la force inquiète le long de tes reins creux
en l'indolente allure d'une démarche fière
qui laisse –
quand tu vas –
traîner après tes pas
le fauve appel des nuits que dilate
et qu'emplit
l'immense pulsation des tam –
tams
en fièvre
car dans ta voix surtout
ta voix qui se souvient
vibre et pleure ce soir
l'âme du noir pays où dorment les anciens –
Ces quatre poèmes de Guy Tirolien, « Satchmo », « Amérique », « Ghetto » et « Black Beauty » ont été publiés pour la première fois dans Balles d’or (Paris: Présence Africaine, 1961, pages 63-66, 67-69, 73-75 et 41-42).