Gilles Cyr
Gilles Cyr. Gaspesia, Quebec, Canadá, 1940.
Entre sábanas de nieve Gilles Cyr construye una escritura contenida, elegante en su trazo sintáctico y secreta. En la página el trazo asemeja figuras orientales (no en vano ha ejercido de traductor de poetas coreanos). Voz discreta, reservada, de orígenes modestos, la escritura cyreana revitaliza un paisaje concreto pero compartimentado desde el cuerpo, sugerido apenas en bosquejos perceptivos que los sentidos articulan. Lo luminoso, aquí, compone una textura de la que todo surge. Emerge entonces la refracción.
Entre los reconocimientos a su obra se encuentran el prix du Gouverneur général du Canada (1992) y el prix Arthur-Buies (2010). También traduce insaciablemente, desde algún café del plateau Mont-royal, a poetas armenos y coreanos.
| Sol inapparent (1978) | Diminution d’une pièce (1983) | Fruits et frontières (2006) | Huit sorties (2012)
Traducción de Víctor Bermúdez
Más poemas de Gilles Cyr
http://victorbermudez.me/category/gilles-cyr/
[Gran jardín]
Gran jardín
cerca del barranco
sin una sola gota de agua
en la zancada
intento cosas
el fruto, frutas
caídas a cierta altura
cuando caen
hay que decirlo
el fruto rojo
la fruta amarilla
me sirvo ya
la fruta contiene
habría que ver
lo que contiene
entonces pelo
hasta el hueso pelo
el hueso dice
que hay que ceder
de «Fruits» en Fruits et frontières (2006).
[Grand jardin]
Grand jardin
près du ravin
sans une seule goutte d’eau
dans la foulée
j’essaie des choses
le fruit, des fruits
lâchés à une certaine hauteur
quand ceux-là tombent
tout se complique
a couleur préférée
faut-il la dire
le fruit rouge
le fruit jaune
je me régale déjà
le fruit contient
il faudra voir
ce qu’il contient
alors je pèle
jusqu’au noyau je pèle
le noyau dit
qu’il faut céder
[El viento, la sequedad]
El viento, la sequedad
El viento, la sequedad
tuercen los árboles
la vid crece en todas partes
en ningún sitio del mundo
surge tan bien
sabed que la vid
asciende a mil quinientos metros
pasajes encordados
no os sobrecarguéis
traed un tentempié
y también un bolso grande
aún se encuentra
a mil ochocientos metros
sobre un guijarro vertical
las águilas os vieron
silban de admiración
os lo ruego
cuando creáis
que eso es suficiente
es el momento de bajar de nuevo
en Fruits et frontières (2006)
[Le vent, la sécheresse]
Le vent, la sécheresse
Le vent, la sécheresse
tordent les arbres
la vigne pousse partout
nulle part au monde
elle ne réussit mieux
allez plus haut
découvrez que la vigne
monte à mille cinq cents mètres
passages encordés
ne vous surchargez pas
apportez un casse-croûte
de même qu’un grand sac
on la trouve encore
à mille huit cents mètres
sur caillou vertical
les aigles vous ont vus
sifflent d’admiration
je vous en prie
quand vous trouvez
que cela fait beaucoup
c’est le moment de redescendre
[Creyendo extraviarme]
Creyendo extraviarme
atravieso un bosque
además de las suyas
el roble puede cargar
las hojas de otro árbol
el roble es generoso
viscosas las bayas del muérdago
se pegan al pico del tordo
que crecen al frotarse
repetidamente sobre las ramas
elijo imitar
los tordos no están allí
con gestos naturales
ahuyenta la fauna
hay que esperar un poco
mis gustos se modifican
¿acumular los nombres
para mostrar las cosas?
pido cistas
y hojas de laurel
de «Fruits» en Fruits et frontières (2006)
[Croyant m’être perdu]
Croyant m’être perdu
Croyant m’être perdu
je longe une forêt
outre les siennes
le chêne peut porter
les feuilles d’un autre arbre
le chêne est généreux
visqueuses les baies du gui
collent au bec des grives
qui s’en débarrassent par frottement
répété sur les branches
je choisis d’imiter
les grives ne sont pas là
naturellement gesticuler
fait fuir la faune
il faut attendre un peu
mes goûts se modifient
accumuler les noms
pour montrer les choses ?
je demande des cistes
et à feuilles de laurier
[Árbol torcido y perforado]
Árbol torcido y perforado
se cortará
el parte engorrosa
una sierra sube
todos improvisan
es inquietante
algunos pedazos
aterrizan en el río
catástrofe anunciada
construir sobre el agua
que no sea por la metáfora
al final es el arbusto
recibimos más de una planta
que serán evaluadas
esencialmente ciudadanos
entonces entro en escena
tiro de las raíces
nos alejamos un poco
cómo creer que vuestro árbol
subió allí
La enérgica Elodea
¿la conocéis?
¡Yo no la planto!
una peste de las aguas
hojas cortas
sobre un tallo ramificado
bloquea los barcos
en Europa donde
fue introducida
cuándo y cómo
aquí no a la Elodea, a la barca
os subís de un salto
lindo, bien audaz
para visitar el país
un país bastante grande
y algo singular
es otro país
al parecer
de «Fruits» en Fruits et frontières (2006)
[Arbre tors et troué]
Arbre tors et troué
Arbre tors et troué
va-t-on couper
la partie encombrante
une scie monte
tous improvisent
c’est affolant
quelques lambeaux
atterrissent dans le fleuve
catastrophe annoncée
construire sur l’eau
autrement que par métaphore
à la fin c’est la houppe
on a reçu plus d’une plainte
elles seront évaluées
essentiellement des citadins
dès lors j’entre en scène
je tire sur les racines
c’est tout de même très bien
n’est-ce pas que c’est bien ?
éloignons-nous un peu
comment croire que votre arbre
montait là-bas
L’énergique élodée
connaissez-vous ?
Je ne la plante pas !
une peste des eaux
des feuilles courtes
sur une tige ramifiée
elle bloque les barques
en Europe où
elle fût introduite
quand et comment
ici pas d’élodée, la barque
vous y montez d’un bond
joli, tout en souplesse
pour visiter le pays
un pays assez grand
et un peu singulier
c’est un autre pays
apparemment
[Trabajos ligeros]
Trabajos ligeros
Trabajos ligeros
mañana nevará
y toda la nieve
que se asiente en las frutas
enfriará el té
en las espinas esta mañana
es el pulgar que pica
nada se deduce
asperidades y compañía
se revisan
luego al detenerse
frente a una fronda
que quizás comienza
percibo el envés de las hojas
no es un fracaso
Espítulas y púas
decía fronda
por abuso de lenguaje
voy por los alrededores
una almáciga
se asegura de que estoy
se ramifican los tallos
penetrantes observaciones
que se desarrollan frente a mí
logran convencer
estas especies en otro tiempo
habían migrado lejos
todas tan notables
se me propone una variedad
que florece en cien años
no es para tanto
no, ni siquiera en mi casa
encuentro nunca
flora pobre
de «Fruits» en Fruits et frontières (2006)
[Travaux légers]
Travaux légers
Travaux légers
demain il neige
et toute neige
qui se dépose sur les fruits
refroidira le thé
dans les épines ce matin
c’est le pouce qui a pris
je ne viens plus chaque jour
on n’en déduira rien
aspérités et compagnie
sont passées en revue
puis en arrêt
devant une frondaison
qui peut-être commence
j’aperçois le dessous des feuilles
ce n’est pas un échec
Stipule et piquants
disais-je frondaison
par abus de langage
je me déplace en banlieue
une pépinière
fait en sorte que j’y suis
les tiges se ramifient
de pénétrantes observations
développées devant moi
achèvent de convaincre
ces espèces autrefois
avaient migré très loin
toutes plus remarquables
on me propose une variété
qui fleurit à cent ans
de quoi fouetter
non, même chez moi
je ne trouve jamais
de flore pauvre