Pedro Vianna, nació en 1948 en Rio de Janeiro (Brasil), vive en Francia desde el final de 1973, después de haber vivido en Chile desde de enero de 1971. Poeta, hombre de teatro, traductor, hace más de 40 años que está actuando en defensa de los refugiados y de los migrantes. Desde 1999 es el redactor en jefe de la revista universitaria Migrations Société. Adquirió la nacionalidad francesa en marzo de 1981.
je veux
qu’à l’heure de l’orgasme
nos êtres intégrés
se concentrent
et éclatent
en infinis invisibles morceaux
que chacun dévoile
un poème d’amour
et de révolution
quero
que na hora
do orgasmo
nossos seres integrados
se concentrem
e explodam
em infinitos invisíveis pedaços
que cada um desvende
um poema de amor
e de revolução
quiero
que en la hora
del orgasmo
nuestros seres integrados
se concentren
y estallen
en infinitos invisibles pedazos
que cada uno descubra
un poema de amor
y de revolución
Paris, 11.VI.1976
in Poèmes d’amour et de révolution
édition de l’auteur
J. Guyot imprimeur
Paris, 1976
LE MATIN DU ONZE
pour Gérold et Sylviane, en reconnaissance à leur humanité
Aujourd’hui
le soleil ne peut
briller longtemps.
Le bruit des avions
noircit le ciel
et les bombes
fleurissent
au contact des cibles.
La musique funèbre
traverse la ville,
entre par les oreilles
et ressort par les yeux ;
chaque morceau
de pierre
arraché au palais
est un camarade
qui tombe,
nouveau pas
vers la défaite.
C’est décidé.
IL va parler !
Les doigts s’allongent,
emplis de courage
pour faire crier
le discours fatal
qui jette le dernier bouquet
sur le tombeau
de ces trois ans
La fermeté
de la voix
ne cache pas
son émotion.
Le métal sonore
et l’effort des hommes
nous lient
pour la dernière fois.
L’enfer se dédouble,
se multiplie
dans les oreilles,
et revit
dans les mains
enragées
qui souhaitent
détruire les boîtes
de malheur ;
mais la tête
veut aller
jusqu’à la fin
et écoute
jusqu’au bout.
“Et s’ouvriront
les grandes avenues
par où passera
l’Homme construisant
pour toujours sa liberté.”
Et déjà les fleuves
de la colère
prennent leur source
dans le sang
des morts d’aujourd’hui,
de tous les morts
assassinés,
massacrés.
Violent
le flot remonte,
éclate dans les yeux,
retombe des collines du visage
pour être dévoré
par les lèvres tremblantes
pour nourrir
l’espoir de l’avenir.
Aujourd’hui
le soleil ne peut
briller longtemps.
Le bruit des avions
noircit le ciel
et les bombes
fleurissent
au contact des cibles.
À chaque
coup de feu
un camarade
renaît.
Et dans la bouche
un goût de Révolution.
LA MAÑANA DEL ONCE
para Gérold y Sylviane, en reconocimiento de su humanidad
Hoy
el sol no puede
brillar por mucho tiempo.
El ruido de los aviones
oscurece el cielo
y las bombas
florecen
al alcanzar los blancos.
La música fúnebre
cruza la ciudad,
entra por los oídos
y re-sale por los ojos ;
cada pedazo
de piedra
arrancado al palacio
es un camarada
que cae,
nuevo paso
hacia la derrota.
Decidido.
ÉL va a hablar !
Los dedos se alargan
llenos de valor
para hacer gritar
el discurso fatal
que lanza las últimas flores
sobre el túmulo
de estos tres años.
La firmeza
de la voz
no esconde
su emoción.
El metal sonoro
y el esfuerzo de los hombres
nos unen
por la última vez
El infierno se desdobla
se multiplica
en los oídos
y revive
en las manos
enfurecidas
que desean
destrozar las cajas
de la desgracia ;
pero la cabeza
quiere seguir
aún más lejos
y escucha
hasta el final
“Y se abrirán
las grandes alamedas
por donde pase
el Hombre construyendo
para siempre su libertad.”
Y ya los ríos
de la cólera
brotan
de la sangre
de los muertos de hoy,
de todos los muertos
asesinados,
masacrados.
Violento
el flujo sube de nuevo
estalla en los ojos,
cruza las colinas del rostro
para ser devorado
por los labios temblorosos
para alimentar
la esperanza en el futuro.
Hoy
el sol no puede
brillar por mucho tiempo.
El ruido de los aviones
oscurece el cielo
y las bombas
florecen
al alcanzar los blancos.
En cada
disparo
un compañero
renace.
Y en la boca
un gusto de Revolución.
Marseille, 14.IV.1976
in Poèmes d’amour et de révolution
édition de l’auteur
J. Guyot imprimeur
Paris, 1976
Quand de l’autre coté de la porte
sous la main du frère assassin
tu criais de haine et d’amour
et y puisant le courage
d’aller jusqu’à la fin
de ton cri faisais
le cri d’alerte
“On assassine la vie”
Quand de l’autre côté de la porte
tu savais que je connaissais
le sens de tes cris
et les voulant étouffer
tu savais que je le savais
encore plus fort tu le criais
pour que le monde le sût
“On assassine l’amour”
Quand de l’autre côté de la porte
parmi d’autres comme toi
dedans, dehors, autour des casernes
tu criais ta mort et ta vie
tous les cris étaient tes cris
tes cris étaient les cris de tous.
Paris, 15, 23, 27.V.1976
extrait de Les cris, pièce en trois actes
Cuando del otro lado del piso
bajo la mano del hermano asesino
tú gritabas tu odio y tu amor
y de ellos sacabas la fuerza
de seguir hasta el final
haciendo de tu grito
el grito de alerta
“Están asesinando la vida”
Cuando del otro lado del piso
tú sabías que yo sabía
el sentido de tus gritos
y aún queriendo ahogarlos
sabías que yo lo sabía
y gritabas más fuerte
para que el mundo supiera
“Están asesinando el amor”
Cuando del otro lado del piso
junto a varios otros presos
dentro y fuera del cuartel
tú gritabas tu muerte y tu vida
todos los gritos eran tus gritos
tus gritos eran los gritos de todos.
Paris, 11.II.1976
de Los gritos, obra en tres actos
in Poèmes d’amour et de révolution
édition de l’auteur
J. Guyot imprimeur
Paris, 1976
Quand sur ton visage détruit
je vois le visage d’un monde
m’étouffe le cri de malheur
Quand sur ton visage éventré
je vois la marque d’un homme
me tue le cri de l’horreur
Quand sur ton visage éclairé
je vois l’empreinte de l’Homme
me grandit le cri de la vie
Quand sur ton visage transformé
je vois l’avenir dans le monde
me naît le cri de l’amour.
Paris, 15.V.1976
extrait de Les cris, pièce en trois actes
Cuando miro tu rostro destrozado
y en él veo el rostro de un mundo
me ahoga un grito de espanto
Cuando miro tu rostro reventado
y en él veo la marca de un hombre
me mata un grito de horror
Cuando miro tu rostro iluminado
y en él veo la mano del Hombre
me crece un grito de vida
Cuando miro tu rostro transformado
y en él veo el futuro del mundo
me nace un grito de amor.
Paris, 8.V.1976
de Los gritos, obra en tres actos
in Poèmes d’amour et de révolution
édition de l’auteur
J. Guyot imprimeur
Paris, 1976
pour Pieter
Après
ton
départ,
assis
dans cette chambre vide
je vis le silence
dense,
tendu et plein d’ombre
des nuits
à vivre
tout seul.
Depois
da tua
partida,
sentado
neste quarto vazio
vivo o silêncio
tenso,
denso e sem luz
das noites
de solidão.
Después
de tu
partida,
sentado
en la pieza vacía
vivo el silencio
denso,
tenso y sin luz
de las noches
de soledad.
Paris, 30.V.1976
in Poèmes d’amour et de révolution
édition de l’auteur
J. Guyot imprimeur
Paris, 1976
J’ai déjà connu
tant de choses
tant de choses
me restent à connaître
que je ne peux vouloir
qu’une chose
je ne peux
que suivre la vie
je ne veux
que l’aider à changer.
Já conheci
tantas coisas
tantas coisas
me faltam para ver
que só posso querer
uma coisa
só posso seguir
com a vida
só quero
ajudá-la a mudar.
Ya conocí
tantas cosas
tantas cosas
me quedan por ver
que sólo puedo querer
una cosa
sólo puedo seguir
con la vida
sólo quiero
ayudarla a cambiar.
Bourges, 20.V.1976
in Poèmes d’amour et de révolution
édition de l’auteur
J. Guyot imprimeur
Paris, 1976
Va-t’en
lève-toi et marche
ouvre la porte
et sors
crie ta douleur
ouvre tes bras
et plonge dans la vie
monte
grandis
éclate
intègre-toi
dans le monde
agis
transforme
et lutte
Ouvre ton corps
offre et donne
demande et reçois
chante pleure
et aime
Regarde dans les yeux des autres
ton image
fonds ton passé
et ton futur
dans cet instant
Vis
pour
m’aider
à
vivre.
Vete
levanta y camina
abre la puerta
y sal
grita tu dolor
abre tus brazos
y salta en la vida
sube
crece
rómpete
intégrate
en el mundo
actúa
cambia
y lucha
Abre tu cuerpo
ofrece y da
pide y recibe
canta llora
y ama
Mira en los demás ojos
tu imagen
funde tu pasado
y tu futuro
en el instante presente
Vive
para
ayudarme
a
vivir.
Paris, 21.III.1976
in Poèmes d’amour et de révolution
édition de l’auteur
J. Guyot imprimeur
Paris, 1976
il y a quelques années encore
aujourd’hui
était un jour au-delà de l’éternité
aujourd’hui
ces années-là
sont à la fois
hier
et des jours d’une éternité révolue
demain
est aujourd’hui
encore un point d’interrogation
hace ya algunos años
hoy
era un día más allá de la eternidad
hoy
esos años
son a la vez
ayer
y días de una eternidad rematada
mañana
es hoy
un punto interrogante todavía
Paris, 11.XII.2009
in Au jour le jour
recueil inédit
traducido del francés por el autor
con las sugerencias amigas de
Denise Peyroche
pont maria callas
une mouette crie
et sur le grand canal
un vaporetto part
soudain sur la lagune
le silence se fait
puente de maría callas
grita una gaviota
y en el gran canal
sale un vaporetto
de repente en la laguna
se plasma el silencio
Venezia,
26.I.2009
in Au jour le jour
recueil inédit
traducido del francés por el autor
con las sugerencias amigas de
Denise Peyroche
au fil des jours
pleure
pleure les choix que tu n’as pas accomplis
et ceux que tu as trahis
pleure les routes que tu n’as pas empruntées
et celles que tu as abîmées
pleure les mots que tu n’as pas prononcés
et ceux que tu as crachés
pleure les vérités que tu n’as pas comprises
et celles que tu as omises
pleure les corps que tu n’as pas étreints
et ceux que tu as contraints
pleure les larmes que tu n’as pas versées
et celles que tu as provoquées
pleure les amis que tu n’as pas rencontrés
et ceux que tu as négligés
pleure les heures que tu n’as pas vécues
et celles que tu as perdues
pleure les plaisirs que tu n’as pas pris
et ceux que tu as avilis
pleure les portes que tu n’as pas défoncées
et celles que tu as refermées
pleure les rêves que tu n’as pas osés
et ceux que tu as oubliés
pleure les vies que tu n’as pas bâties
et celles que tu as démolies
pleure
pleure et réjouis-toi
de pouvoir
de savoir encore pleurer
a lo largo de los días
llora
llora las opciones que no alcanzaste
y las que traicionaste
llora las rutas que no pisaste
y las que estropeaste
llora las palabras que no pronunciaste
y las que escupiste
llora las verdades que no comprendiste
y las que omitiste
llora los cuerpos que no abrazaste
y los que apremiaste
llora las lágrimas que no derramaste
y las que provocaste
llora los amigos que no encontraste
y los que desatendiste
llora las horas que no viviste
y las que perdiste
llora los placeres que no gozaste
y los que envileciste
llora las puertas que no rompiste
y las que cerraste
llora los sueños que no arriesgaste
y los que olvidaste
llora las vidas que no construiste
y las que demoliste
llora
llora y regocíjate
con poder
con saber llorar todavía
Paris, 5.XI.2010
in Au jour le jour
recueil inédit
traducido del francés por el autor
con las sugerencias amigas de
Denise Peyroche