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Channel: POETAS SIGLO XXI - ANTOLOGIA MUNDIAL + 20.000 POETAS: Editor: Fernando Sabido Sánchez #Poesía
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CHRISTOPHE MANON [14.076]

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Christophe Manon 

(Bordeaux, Francia  1971)

PUBLICACIONES:

Ruminations, Atelier de l’agneau, 2002
Cyberhaïku, L’Attente, 2004
La Mamort, (avec Michel Valprémy), Atelier de l’agneau, 2004
Grande Beuverie de poètes au ciel, Le Clou dans le fer, 2006
l’éternité, Dernier Télégramme, 2006
Constellations, avec un CD, musique motif_r et yod, Ragage éditeur, 2006
Fiat lux, MIX., 2006
l’idieu, ikko, 2007
Victoire sur les ténèbres, Dernier Télégramme, 2008
Protopoèmes, Atelier de l’agneau, 2009
Univerciel, NOUS, 2009
Qui vive, Dernier Télégramme, 2010
Ballades du temps jadis, Derrière la salle de bains, 2010
Heureux qui n’en a pas, Derrière la salle de bains, 2010
Extrême et lumineux, Derrière la salle de bains, 2011
Testament, d’après François Villon, Editions Léo Scheer, 2011
Cache-cache, 2012



BALADA

que en cianuro y en arsénico de roca
en vitriolo en ricina y en polonio
en plomo hirviente para mejor machacarlos
en hollín y brea diluidos en el agua de lavada
hecha de mierda y de meado de chacal
en sudor de testículos de leprosos
en deshechos de pies y de viejos zapatos
en sangre de hurones y venenos descompuestos
en bilis de lobo de zorros de tejones
sean fritas sus lenguas viperinas
que en el cerebro de un gato que deteste cazar
negro y tan viejo que ha perdido sus dientes
en baba y saliva de un viejo perro
(que vale lo mismo) enfermo de rabia
en la espuma de una asmática mula
trinchera mínima con filosas navajas
en agua donde las ratas hunden sus hocicos
ranas sapos y bestias peligrosas
serpientes lagartos y otras bellas aves
sean fritas sus lenguas viperinas
que en plástico explosivo
y en el ano de una anaconda viva
en la sangre contaminada que se pone en bolsas
las noches de luna llena
una negra la otra más verde que un gargajo
en chancro y en tumor
y en las aguas claras de las alcantarillas de París
en los baños de bidet de las putas
(aquél que no comprende
jamás ha frecuentado los burdeles)
sean fritas sus lenguas viperinas
camarada pasa todos estos buenos trozos
(si no tienes ni filtro ni tamiz ni cedazo)
por el fondo de un calzón pleno de excremento
pero que antes en trozos de mierda de puercos
sean fritas sus lenguas viperinas







-Citoyens de l’aveniverciel, délégués des océans et des hauts plateaux, représentants des globes terrestres et des sphères célestes, militants des avenirpossibles, résistants internationalistes d’une lutte qui recule toujours à travers les désespoirs accumulés des siècles, ressortissants de la bataille fantôme bombardés par un excès de preuves aveugles, déserteurs des troupes sceptiques de la corrélation,  forçats des rêves splendides, voyageurs de la pensée semblables aux voyageurs de l’espace et du temps, fédérés des communes égalitaires, apatrides errants des singularités infinies, compagnons d’armes des politiques d’émancipation, maquisards et insurgés des utopies fraternelles, mutins des vérités génériques, guérilleros de la lutte des classes, éclaireurs des situations de masses, téméraires et audacieux indisciplinés qui mêlent l’idée à l’action et
l’action à l’idée, renégats des proses policières, fellahs de la révolution de l’esprit, partisans de l’esprit de la révolution,

---sœurs chiennes, frères chiens,
---loriots, fourmis, baleines, macaques,
---bêtes bêtes bêtes,

-vous tous qui mourez et vivez sans peur,
---venez à moi.
---Nous sommes tous, nous tous sommes habitants du
séjour infini de la Terre.
---Nous sommes frères.
---Nous baignons dans la même lumière, la même
lumière, nous baignons dans la même
---lumière.
---Camarades,
---ce que je dis maintenant ce n’est pas moi qui le dis,
---cela fut exhumé.Nous avons perdu la mémoire du soleil.
---Cent fois les hommes ont rêvé d’une vie nouvelle et
cent fois leur rêve a sombré
---dans le sang. Je viens d’une défaite où j’ai survécu à
toutes les morts, à toutes les morts, j’ai survécu à toutes
---puis j’ai pris le destin d’un autre comme habit. Il est
grand temps, grand temps,
---il est grand temps que vous le sachiez : je suis un homme
de l’époque. Regardez comme je sais marcher et parler.
Essayez donc de me séparer du siècle et je vous garantis
---que vous vous briserez la nuque.

J’ai vu des mondes fondre avec la guerre démente. J’ai
traversé bien des exils. J’ai appris la science des adieux et
du deuil dans les combats perdus. Et j’ai appris comment
s’effondrent
---les visages,sous les paupières comment émerge l’angoisse
et la douleur se grave sur les joues, comment le sourire
se fane sur les lèvres soumises et dans un petit rire sec
comment tremble
---la frayeur. Je sais la lumière aspirée sauvagement par les
barreaux. Je sais les douleurs partagées sur le seuil de la
fraternité, le doux miel
---des mutilations volontaires.J’ai bu l’une après l’autre mes
petites illusions. Les grandes je les ai conservées précieuse
ment pour qu’elles éclairent mes nuits. J’ai joué à cache
cache avec la mort et j’ai traversé un enfer si miraculeux
---qu’il ferait effroi aux pierres.
---Maintenant je vais moi-même maintenant à ma propre
rencontre. Un troisième œil m’arrive
---de derrière la tête. Elle qui a d’abord deux fois deux,
puis deux fois deux fois deux avec 2 /3 de queue et 1/3
d’oreille.

-Éblouissantes sont mes écailles, radieuses mes
bronches, rutilants les estuaires de ma gorge.
---L’œil ouvert je fixe l’horizon. Je suis le monde, l’univers et ses milliards de galaxies. Je communie avec toutes
les planètes et les astres sont mes frères.
---Mon cerveau je l’enveloppe dans un nuage d’éclairs et
de grêlons. Sous mon pied naissent les constellations. Ma
bouche boit l’immensité diluée et se nourrit de poussière
d’étoiles.
---Je suis la trajectoire. Je lève la main. J’indique le danger.
Je pressens les désastres à venir et je pointe la cime des
événements, des événements, je pointe la cime
---des événements. Puis je bondis au sein du mouvement
et j’offre mes chants de guérisseur aux crabes clandestins
de la Cellule Alexandre Kroutchonykh et aux mésanges
mutilées de la Brigade Vélimir Khlebnikov.

Par mon souffle, par le battement de mon cœur, ma
voix, par chaque pointe de mes poils, par tous les trous de
mon corps, par les fusils de mes yeux, par mes dents toutes
grinçantes d’un cri de fauve, par ma peau de lapin, par les
plis de mes sourcils en colère, par mes pores, littéralement
par tous mes pores j’oppose un refus ferme et définitif
à ce temps de cloportes, notre passé d’esclaves, tout cet
essaim de petitesses et de lâchetés qui font de notre vie un
tombeau, un tombeau, qui font de notre vie.
---Désormais mon cerveau désormais est parfaitement
net, ma langue nue, je parle simplement. Si je dis
---b c’est une nouvelle bombe lancée à la gueule des.
---Chacun de mes mots est une dent que j’ai contre le
Clan des Renoncipleutres et des Volimenteurs. Chacun de
mes mots vise juste dans l’image et touche au but.
---Fier face au ciel et bien plus grand que lui je commande
aux étoiles, j’enfonce des pieux dans l’esprit du monde,
puis je me jette dans le soleil d’or, dans le soleil, le soleil je
me jette
---d’or, considérant les mortificiers de mon œil de guer
rier. Maintenant je veux plonger maintenant mes yeux
dans le regard des hommes et peupler de désirs déchaînés
notre avenir et rêver,
---rêver et écouter le bruissement du monde.
---Toujours la montre des émeutes manquées toujours
continue de tourner. Même les souvenirs qu’on croyait
ineffaçables ont quitté leur place. Après des années de
défaites et de grands malheurs s’éveillent les images devant
---le monstrueux spectacle des échecs répétés et des
espoirs brisés. Maintenant je vois
---les morts ressortir des ombres de leurs ombres, renaître
de leur matière furieuse et noire avec des yeux repus dans
les trous. Je les vois se lever ainsi
---des balanciers perpendiculaires, chercher l’air de leur
poitrine ardente. Je vois
---les morts ressurgir de la terre sépulcrale, tituber dans le
réveil et se rétablir pour accomplir
---ce qui doit être accompli. Innombrable population de
tous les morts, de têtes recouvrées, de seins recomposés.
---Morts vrais, morts chargés de colères, surgis de la
matrice de la terre. Sujets violents, brillants, gravitant et
sans nombre qui cherchent du regard l’aube d’un jour
nouveau où l’on ne craindra plus
---d’être récompensés. Il en sort encore et encore soule
vant le sol comme
---des taupes rutilantes. Tous également nus, de chair
armés et caparaçonnés d’os.

Maintenant il nous faut maintenant réapprendre
---les siècles à tâtons, réapprendre les siècles il nous faut
---à tâtons. Lancer nos plus beaux assauts vers le ciel et
poursuivre jusqu’au renversement des grammaires et au
départ en exil
---des langages et des signes.
---Maintenant le ciel du Nord est comme le ciel du Sud,
---lequel est comme le ciel de l’Ouest,
---lequel est comme le ciel de l’Est.
---Maintenant des lambeaux de jour attendent tapis
derrière l’obscurité, l’obscurité, ils attendent tapis
---derrière l’obscurité.
---Maintenant les esprits des morts avant l’âge sont
revenus hanter les corps des vivants. Ils font semblant,
semblant, ils font
---semblant d’être des rochers. Si seulement,
---si seulement nos yeux étaient assez sauvages pour les
voir, nos oreilles pour entendre leur cri qui pénètre dans
nos corps, circule le long des artères jusqu’à la gorge, puis
éclate dans un hurlement, un sanglot qui ressemble à une
---e-x-p-l-o-s-i-o-n.

[............]






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